Des newsletters jamais obsolètes

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Les infolettres, connues de longue date mais rendues désuètes un temps par de nouveaux modes de communication, sont aujourd’hui plus en phase avec leur époque et plus attrayantes que jamais. Et elles continuent leur métamorphose pour mieux nous séduire.

Devenues populaires dès la fin des années 90, les infolettres – newsletters en anglais – ont survécu à la nouvelle vague des réseaux sociaux et des applications qui font partie désormais de notre quotidien. Quelque peu boudées à une époque charnière de leur évolution, elles reviennent aujourd’hui en force, plus inventives que jamais.

Média accessible à tous via le courrier électronique, cet outil indéniable de notre époque numérique a déjà une longue histoire liée à l’évolution des boîtes e-mails. C’est avec l’introduction du code HTML pour rédiger le courriel à la fin des années 90 que les newsletters ont pris leur essor.

Ces lettres numériques se présentent sous diverses formes adaptées à leurs destinataires. Elles visent à les tenir informés de dernières tendances ou de ‘news’, d’activités ou de promotions. Elles émanent de lieux publics ou culturels, d’entreprises ou de commerces.

Si leurs textes sont habituellement courts, ils s’accompagnent souvent d’illustrations, de logos et impliquent des mises en page plutôt élaborées. Leur lecture est dynamique et rapide, mais le contenu est plus dense, plus informatif que celui offert sur les réseaux sociaux.

Si leur réception est sollicitée par le lecteur, elles ont toutefois souvent vocation à inciter l’intéressé à l’achat d’un produit ou à le fidéliser à une marque, un lieu ou une activité. La diffusion quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, bimensuelle ou encore trimestrielle des newsletters est aussi une de leurs spécificités.

Les infolettres des années 90.

‘Oh shit! À la télé y a plus de speakerine’ chantait le rappeur français MC Solaar en 1994. Chaque nouvelle invention humaine est soumise à l’épreuve du temps et vouée à disparaître à la prochaine déferlante de nouveauté. Les infolettres des années 90 ont, elles aussi, failli devenir obsolètes.

Qu’elles soient envoyées dans nos boîtes de réception à notre insu ou que leur contenu n’ait pas l’attrait escompté, elles ont souvent été synonymes de pollution épistolaire ou publicitaire. Une fois activées, acceptées, reçues, elles ont l’une ou l’autre souvent visité la corbeille.

D’une part le contenu peut perdre de sa primeur avec le temps et de l’autre nos intérêts évoluent. Ce qu’un lecteur suivait un jour avec passion peut s’avérer ultérieurement inadapté à son mode de vie. Il faut alors que le lecteur se désinscrive manuellement pour arrêter le supplice.

La génération Z née après 1997 n’a que peu d’affinités avec ce type de communication. Elle est davantage consommatrice de SMS, de ‘hashtags’, d’immédiateté et de concision propres à Instagram, à Twitter ou à d’autres applis dans le vent. Une infolettre à l’ancienne n’incorpore pas traditionnellement ces spécificités.

La newsletter que d’aucuns ont considéré comme du courrier indésirable ou de la publicité non sollicitée se doit d’évoluer. Elle doit aussi apprendre à dialoguer avec un nouveau profil d’utilisateurs. De nouvelles solutions de mise en page, de nouveaux formats, de l’inventivité, plus d’interactivité, plus d’immédiateté sont nécessaires à la pérennité du format.

La nouvelle ère des newsletters : Les séductrices !

Avec plus de 50 % des infolettres ouvertes à partir d’un appareil mobile d’après magentamedia.ca, le format s’adapte et retrouve une nouvelle jeunesse alors qu’il était voué à disparaître entre 2008 et 2010, époque charnière du développement des smartphones et des réseaux sociaux.

Selon le rapport de consommateur Mapp en 2016, une personne sur deux supprime un email s’il n’apparaît pas immédiatement à l’écran de son appareil portable, et les observateurs s’attendent à un résultat similaire avec les infolettres pour lesquelles de nouveaux codes HTML et des logiciels adaptés viennent à la rescousse.

Selon l’étude Marketing Sherpa, au moins 2 tiers des personnes préfèrent recevoir du contenu promotionnel par email que par les réseaux sociaux. Cela laisse présager des futurs beaux jours de la newsletter qui n’a plus qu’à se parer de quelques atours d’autres médias à la mode pour gagner du terrain.

Une bonne newsletter est ‘immédiate’, rapide, facile à parcourir, intègre de la vidéo et plus de connectivité avec les réseaux sociaux. De Twitter en passant par Facebook, en surfant sur la vague du podcast et des ‘live’ YouTube, l’infolettre a de nouvelles cartes avec lesquelles jouer pour élargir son public. C’est ainsi que de nouveaux logiciels professionnels de gestion tel que MailChimp, plateforme de services marketing diversifiés, voient le jour.

La poursuite de la qualité évolue même jusqu’à la formule payante. Des contenus plus attrayants et ciblés impliquent d’apporter beaucoup de soin à la rédaction, à la mise en page, avec le choix des contenus pouvant être déterminés par des enquêtes. Plus de proximité avec le lecteur permet de mieux cibler ses besoins, ses goûts et de rendre les contenus intéressants à plus long terme. C’est aussi un nouveau moyen de monétiser le travail de journalistes et d’écrivains via des plateformes comme Substack.

Certains y voient là une forme de transition de la presse ‘papier’ et la création de nouveaux métiers montre que le modèle économique offert par l’infolettre est adapté à son temps.

L’émulation autour de la newsletter 2.0 est réelle et effective. Les quelque 3.9 milliards d’utilisateurs de courriel représentent un marché très attractif et de nombreuses entreprises et personnes l’ont bien compris.

Il est loin le temps du marketing par email des années 90. En traversant plus de deux décennies en assurant un rôle éducatif, informatif ou divertissant, l’outil marketing de l’infolettre a encore de beaux jours devant lui.

L’infolettre ne cesse d’attirer en faisant peau neuve et en se professionnalisant. Elle adapte son rythme ainsi que son style aux réseaux sociaux et aux applications Web, les incorporant à son développement plutôt que de les ignorer.

Photos : emformarvelous.com / iphonehacks.com / codeur.com