La France réussira-t-elle sa transition énergétique ?
La France s’est engagée depuis quelque temps à réduire au maximum sa consommation en énergies fossiles et nucléaire dans les prochaines années, au profit d’une utilisation plus importante d’énergies renouvelables. C’était une promesse de campagne de François Hollande en 2012 et la loi sur la transition énergétique mise en place à l’été 2015 va dans ce sens. Mais quelle est la position réelle de la France dans ce domaine ? Au lendemain de la COP22, qui s’est tenue à Marrakech, peut-on dire que la progression de la production énergétique issue du renouvelable en France est vraiment satisfaisante ? Où en sommes-nous quant à nos objectifs fixés et sont-ils toujours atteignables ?
Le recours aux énergies renouvelables se généralise de plus en plus en France depuis plusieurs années. Hydroélectricité, éoliennes et photovoltaïque sont les trois types d’énergies renouvelables en vogue sur le territoire et sont en constante progression. Les chiffres le prouvent : au deuxième semestre 2016, la part des énergies « vertes » a atteint 26 % de la consommation énergétique du pays.
Une promesse de campagne, des résolutions
Durant sa campagne présidentielle en 2012, François Hollande avait fait de la réduction de l’utilisation des énergies fossiles au profit du renouvelable l’une de ses priorités. L’objectif était notamment de réduire la part du nucléaire dans la production électrique française à 50 % d’ici à 2025 et celle de la production tirée des énergies fossiles à 32 % en 2030. La France étant l’un des principaux producteurs mondiaux en électricité d’origine nucléaire, atteindre ce résultat impliquerait d’une part la fermeture de certaines centrales nucléaires, notamment les plus anciennes comme celle de Fessenheim, et d’autre part d’augmenter la production tirée des énergies renouvelables en accélérant le développement et l’installation d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques, et de nouvelles formes d’énergies « vertes ».
Pour tenir ses engagements, celui qui a donc été élu président de la République a réuni les principaux acteurs économiques du secteur énergétique et environnemental lors des multiples conférences environnementales, et a également promulgué une loi sur la transition énergétique pour la croissance verte en août 2015. Ce plan d’action aurait par ailleurs un enjeu économique et social puisqu’il serait porteur de croissance et permettrait la création de 100.000 emplois sur trois ans. La loi devrait donc permettre de réduire la consommation énergétique, d’amoindrir les émissions de gaz à effet de serre et de promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables.
Des résultats encourageants, mais…
Le parc français des énergies vertes est en expansion constante ces dernières années et les chiffres annoncés par les différents acteurs et syndicats des énergies renouvelables sont encourageants. A la mi-2016, la part de la consommation des énergies renouvelables dans le paysage énergétique français s’élevait à 26 %, soit une progression de près de 9 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, tous les types d’énergie que porte ce secteur sont en progression.
C’est à l’hydroélectricité que revient la palme de l’énergie renouvelable la plus consommée en France, représentant 70 % de la consommation en énergies renouvelables. En juin 2016, le parc hydraulique avait fourni 19,2 térawatts par heure, bénéficiant de conditions pluviométriques exceptionnelles. Il affiche une hausse de 15, 5 % à la fin du premier semestre 2016. A elle seule, l’énergie hydraulique représente 18 % de la consommation nationale en électricité, soit une hausse de 6 %.
L’énergie produite par les éoliennes n’est pas en reste. En effet, elle affiche une progression impressionnante et poursuit sa croissance, surpassant même la production hydraulique sur le premier semestre de l’année. Le parc éolien a produit pas moins de 23 TWh, progressant de 27 %. Cependant, sa production énergétique ne couvre qu’environ 5 % de la consommation nationale.
Quant à la production d’origine solaire, elle était de 7,7 TWh soit une augmentation de 16 %, pour représenter 1,6 % de l’électricité consommée en France. Enfin, les bioénergies électriques, moins connues du public, ont également progressé et couvrent actuellement 1,35 % de la consommation. De plus, ces résultats sont au-delà des espérances puisqu’elles ont déjà dépassé les objectifs fixés pour 2018.
Un optimisme à relativiser
Si ces chiffres suscitent l’optimisme quant aux progrès affichés par le secteur des énergies renouvelables en France, il ne faut pas oublier qu’elles restent bien en deçà de la production globale d’électricité du pays. En effet, l’ensemble du parc des énergies vertes peine à atteindre 20 % de l’énergie produite dans un pays qui dépend encore trop du nucléaire. Si les objectifs futurs peuvent laisser place à l’optimisme (on parle de 40 % de la production nationale provenant du renouvelable en 2030), rien n’est encore assuré et, si l’on regarde plus loin, on peut s’apercevoir que la France est tout de même bien en retard dans ce domaine par rapport à certaines nations d’Europe ou du monde. A titre de comparaison, la totalité de l’énergie consommée en Islande est issue des énergies renouvelables, plus de 80 % au Brésil ou en Colombie et 62 % au Canada…