Les entreprises américaines posent le pied à Cuba pour la première fois depuis 1959
Cela faisait plus d’un demi-siècle, 57 ans exactement, qu’une entreprise américaine n’avait plus élu domicile sur le sol cubain. La chaîne hôtelière Starwood va s’implanter prochainement à Cuba, signant le grand retour des multinationales américaines sur l’île communiste.
Depuis la révolution de 1959 conduite par Fidel Castro, qui avait décidé la nationalisation de tous les pans de l’économie, aucune entreprise américaine n’a pu s’établir à Cuba. L’annonce est intervenue la veille de la visite à La Havane de Barack Obama du 20 au 22 mars dernier. Une visite historique et très médiatique du président américain sur l’île communiste, une première depuis 1928 ! Propriétaire du Méridien et du Sheraton, Starwood a annoncé avoir conclu différents accords d’investissement avec les autorités cubaines.
Au moins 2 hôtels en prévision, sans doute 3
La grande chaîne hôtelière va ouvrir 2 hôtels d’ici la fin de l’année, selon les termes de l’accord fraîchement signé. Starwood va manager l’hôtel Inglaterra, ouvert depuis 1875 et qui dispose de 83 chambres en plein cœur de La Havane. Le groupe va aussi gérer un autre fameux établissement de la capitale, l’hôtel Quinta Avenida, qui rouvrira aussi en fin d’année, sous le label Sheraton et qui disposera de 186 chambres. Le groupe a par ailleurs co-signé un accord d’intention avec les autorités cubaines pour l’ouverture d’un troisième établissement, le Santa Isabel, également à La Havane, mais pour lequel Starwood doit encore recevoir le feu vert du Trésor américain, l’institution qui administre toute prise de sanctions économiques.
Car malgré la décision du président démocrate américain de normaliser les relations des Etats-Unis avec Cuba à la fin de l’année 2014, l’embargo économique décrété en 1962, en pleine Guerre froide, reste d’actualité. L’embargo ne pourra être levé qu’avec l’aval du Congrès, actuellement acquis aux Républicains.
Techniquement, pour pouvoir s’implanter à Cuba, les groupes candidats doivent déposer une demande de licences auprès du Trésor. Starwood garantit les avoir d’ores et déjà obtenues pour les 2 premiers hôtels, par l’intermédiaire de son directeur général, Thomas Mangas : « Il n’y aucun doute que l’ensemble du secteur hôtelier américain est très intéressé par Cuba. Nous sommes très heureux d’être les premiers (La Dépèche)».
Les multinationales américaines se pressent au portillon
L’accord conclu entre Starwood et le gouvernement cubain est le premier du genre accordé par les autorités locales à un groupe américain depuis la révolution castriste du 1er janvier 1959. A peine arrivé au pouvoir, Fidel Castro avait immédiatement nationalisé le tourisme et transformé pendant plusieurs mois l’hôtel Hilton en quartier général de son nouveau gouvernement. Outre Starwood, d’autres grandes entreprises américaines pourraient manifester prochainement leur volonté de s’implanter à Cuba. C’est le cas notamment du groupe Marriott International, un concurrent de Starwood, qui avait envoyé son grand patron pour accompagner la délégation du président américain au cours de son voyage dans l’île.
L’opérateur américain des Télécoms AT&T a aussi engagé des pourparlers avec la compagnie nationale de télécommunications cubaine, selon l’AFP. La même source avance que les deux grandes compagnies aériennes américaines, United Airlines et American Airlines, font actuellement le forcing auprès des autorités américaines pour obtenir des licences qui, leur permettront d’opérer rapidement des vols commerciaux quotidiens vers et depuis La Havane. Depuis le dégel des relations américano-cubaines engagé dès décembre 2014, le tourisme a explosé à Cuba. Au terme de sa visite, Obama a par ailleurs annoncé une nouvelle vague de réduction des restrictions commerciales et touristiques qui pèsent actuellement sur Cuba.
Des touristes de plus en plus nombreux, venant notamment des Etats-Unis
Un total d’environ 3,5 millions de touristes a visité Cuba en 2015, soit une hausse de 17 % par rapport à 2014. Le nombre de touristes en provenance des Etats-Unis a progressé de façon spectaculaire l’an passé : 161.000 Américains, soit une hausse de 77 % sur un an ! Une tendance qui devrait encore s’amplifier, car désormais les citoyens américains peuvent se rendre à Cuba pour des actions éducatives et humanitaires, sans que ces activités ne soient nécessairement parrainées par un organisme, alors que les conditions pour visiter l’île étaient jusqu’ici très strictes. Tout organisme américain pourra désormais entreprendre une activité sur place si celle-ci est liée de près ou de loin au secteur humanitaire ou éducatif. Un véritable retour en fanfare pour les Etats-Unis dans l’un des derniers bastions communistes du monde !