Essor du télétravail en France : une opportunité pour tous ?

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Progressivement, le télétravail se fait une place au cœur des entreprises françaises. Aujourd’hui, 17 % des salariés y ont recours à temps plein ou partiel. De plus, selon Muriel Pénicaud la ministre du Travail, les accords le favorisant ont augmenté de 25 % (703 accords signés en 2018 contre 506 en 2017). Engagement gagnant-gagnant, le télétravail présentent différents avantages sociétaux. Toutefois, il n’est pas sans écueil et peut être source d’inégalités.

Selon une étude conduite par l’institut Opinionway pour Horoquartz, près d’un salarié sur deux souhaite télétravailler. Face à cette évolution, les entreprises ont la nécessité de définir des cadres. Par exemple, en octobre dernier, Airbus a finalisé un accord harmonisant la pratique du télétravail au sein du groupe. L’avionneur emboîte ainsi le pas à Eutelsat qui avait mis en place son propre accord en France en septembre dernier et sera étendu à l’ensemble des filiales de l’opérateur de satellites.

Renforce l’engagement et la responsabilisation

Si ces groupes choisissent de formaliser télétravail c’est qu’ils en tirent des bénéfices. Selon une étude du Comptoir mm de la nouvelle entreprise de Malakoff Méderic, plus de 80 % des employeurs estiment qu’il renforce l’engagement des salariés et qu’il favorise la responsabilisation et l’autonomie. De leur côté, près de 90 % des salariés interrogés pensent que le télétravail est vecteur d’efficacité, d’équilibre entre vie personnelle et professionnelle et de réduction du stress.

D’un point de vue sociétal, selon Murielle Barnéoud, le télétravail est un outil d’aménagement du territoire. Grâce aux technologies, il est désormais possible pour un actif de s’implanter dans des régions isolées. De plus, il permettrait également de faciliter l’emploi aux personnes à mobilité réduite. Ainsi, il n’est pas surprenant qu’il intéresse le gouvernement dans le cadre des arrêts maladie. Enfin, mettre moins de personnes sur les routes permettrait de diminuer significativement les émissions de CO2.

Challenge le management traditionnel

Le télétravail cache quelques inconvénients notables. Tout d’abord, il challenge le management traditionnel. En effet dès lors que le salarié n’est plus dans les murs de l’entreprise, il devient plus complexe à diriger. Le management s’appuie alors sur une relation de confiance, une approche pas toujours innée chez les dirigeants. Le télétravail présente ensuite un risque d’isolation important et le salarié pourra développer le sentiment de rater des opportunités professionnelles ce qui occasionnerait une perte de motivation.

Les spécialistes de l’organisation du travail préconisent de limiter le télétravail à 30 % du temps de travail d’un salarié pour que celui-ci conserve un contact physique avec ses collègues et son encadrement. Garder le contact est d’autant plus important qu’il y a un risque de confusion entre temps personnel et temps professionnel. D’un côté, le salarié peut par exemple être perturbé par la présence d’un enfant et de l’autre le manager peut être tenté de contacter leur collaborateur en dehors des plages prévues.

Principalement pour les cadres et les secteurs du service.

Malheureusement, tous les salariés ne sont pas égaux face au télétravail. Il est plus particulièrement adapté aux activités tertiaires. Selon l’étude du Comptoir mm, il touche 11 % des employés contractuels dans les services et 31 % des non contractuels. Les salariés des secteurs de l’information et la communication sont également surreprésentés (16 % et 37 %). Enfin, il est fortement pratiqué chez les cadres (17 % des contractuels et 42 % des non contractuels).

Le télétravail ne convient pas à tous les profils ni à toutes les structures, aussi il doit être appréhendé avec précaution. Il s’adresse avant tout à une population préalablement formée et à l’aise avec les nouvelles technologies de l’information. En apportant une solution concrète à la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, il pourrait contribuer à élargir le fossé entre certaines catégories de travailleurs et d’autres.