Loïc Soubeyrand, la force tranquille de l’entreprenariat français
Le co-fondateur de Teads, première société spécialisée dans la publicité vidéo non intrusive sur Internet, se lance dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. Il compte bien renouveler son précédent succès avec l’application Lunchr, et conquérir le marché du titre-restaurant. Portrait de Loïc Soubeyrand, la force tranquille de l’entreprenariat.
« Que l’histoire fut belle ! » C’est ainsi que le co-fondateur de Teads résumerait son aventure. Fondée en 2011 à Montpellier, Teads profite des bonnes conditions offertes par un marché en pleine expansion et aux prévisions de croissance à trois chiffres pour faire son entrée. Une bonne identification des besoins de l’annonceur, de l’éditeur et de l’internaute et surtout la spécialisation de son activité permettent rapidement de propulser la société leader du marché de la publicité vidéo sur le Net.
Loïc Soubeyrand insiste sur l’importance de la polyvalence au sein de l’équipe lorsqu’on se lance sa startup dans le marketing digital. Même s’il ne gère pas les aspects techniques, il est capable de traduire un besoin client en fonctionnalité réaliste, et cela est primordial selon lui.
Le marché de la publicité vidéo en ligne soumet ses acteurs à de constantes innovations et l’obsolescence reste la première menace. Teads se veut être à la pointe de l’innovation et son format dynamique InRead s’impose rapidement sur les pages web comme format standard. Et ça marche ! En cinq ans, Teads atteint un chiffre d’affaires de 200 millions d’euro, emploie plus de 500 collaborateurs et lève 71 millions d’euros jusqu’à être revendu 285 millions d’euro à Altice en mars 2017.
De nouvelles aventures
Si Soubeyrand a quitté ses fonctions opérationnelles en octobre 2016, il reste actif au sein de Teads en siégeant au conseil d’administration et de stratégie. Trois mois à peine après sa démission, fort de son expérience et de ses collaborations passées, il « retrouve l’excitation de la création d’un projet » et fonde, toujours à Montpellier, Lunchr. Il présente alors ce projet comme la création d’une simple application de commande de déjeuner en B2C. Et Loïc Soubeyrand lève 2,5 millions d’euros auprès du fonds Daphni qui l’avait déjà soutenu dans l’aventure Teads.
« C’était un écran de fumée », avoue aujourd’hui Loïc Soubeyrand qui décide dès fin 2016 de s’attaquer au marché du titre-restaurant. Quatre millions de consommateurs, 180.000 restaurants et commerçants de proximités déjà partenaires et des transactions représentant six milliards d’euro.
Partant du constat que seuls 15 à 20 % des consommateurs utilisent une version dématérialisée du chèque-repas, Loïc Soubeyrand y voit une opportunité à saisir et le contexte est favorable.
Une fintech B2B dédiée aux titres-restaurant
Le secret est gardé pendant un an. Cela permet à l’équipe Lunchr de maintenir l’effet de surprise et de préparer son entrée sur ce marché oligopolistique, dominé par quatre géants : Edenred (Ticket Restaurant), Sodexo, Chèque Déjeuner (Groupe Up) et Natixis. En mai 2018, 11 millions d’euros sont levés et les effectifs de Lunchr sont multipliés par trois. Le 1er février la start-up fait son entrée sur le marché du Ticket Restaurant et s’affirme alors comme une « fintech B2B dédiée aux titres-restaurant ».
Alliant calme et ténacité, Loïc Soubeyrand ne compte pas s’arrêter là et une nouvelle levée de fonds dédiée au développement commercial de Lunchr serait prévue cette année. Reste à savoir comment les acteurs traditionnels de ce marché alléchant vont répliquer.