Women in Games France veut promouvoir la mixité dans le jeu vidéo
Le jeu vidéo se féminise et à l’image de Bayonetta, il n’est plus rare de voir une héroïne occuper le rôle central d’une série. Le monde du gameplay attire également de plus en plus de joueuses. Toutefois la réalisation demeure un bastion masculin dans lequel les femmes peinent à se faire une place. Aussi, en septembre dernier, a été lancé Women in Games France, une association ayant pour objectif de promouvoir la mixité dans l’industrie du jeu vidéo.
L’association a été impulsée par Audrey Leprince et Julie Chalmette. La première, ancienne d’Ubisoft, est co-fondatrice de The Game Bakers. La seconde est directrice générale de Bethesda France et présidente du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). Women in Games France part de deux constats : le manque de mixité et la présence de blocages pour les professionnels féminins dans l’industrie du jeu vidéo. Elles se sont notamment s’inspirées des Canadiennes de Pixelles.
47% des joueurs sont des femmes
Pour les promotrices de Women in Games France, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Selon le Syndicat national du jeu vidéo, les femmes ne constituent que 15 % des effectifs dans les studios de développement. La France n’est pas un cas isolé dans la mesure où ce chiffre monte à seulement 22 % aux États-Unis. Paradoxalement, les femmes n’ont jamais été aussi amatrices de jeux vidéo qu’aujourd’hui et représentent 47 % des joueurs (10% en 1999).
Pour Julie Chalmette, « il y a clairement un manque d’information sur les métiers possibles au sein de l’industrie du jeu vidéo». La co-fondatrice de Women in Games France estime par ailleurs que les questions techniques ont un effet repoussoir envers les femmes. « Le jeu vidéo est à la croisée de la technologie et de l’artistique. Ça fait sa force et sa beauté, la richesse de sa création. Mais dès qu’on parle de technologie, les femmes se désinvestissent ».
Créer l’inspiration chez les jeunes femmes
On retrouve cette tendance au sein des organismes de formation spécialisés. Julie Chalmette explique que « la proportion de femmes en école de jeux vidéo est assez variable en fonction des cursus et des écoles, mais elle dépasse rarement 20 % des effectifs ». Toutefois, pour celle qui a initié Women in Games France, ces chiffres évoluent positivement et à la rentrée 2017, l’école Isart Digital comptait ainsi 35 % de filles (23 % en 2012).
Ces étudiantes ne manquent pas de modèles à suivre. Assassin’s Creed, un des gros succès de ces dernières années (huit millions d’exemplaires vendus), a par exemple été produit par la Canadienne Jade Raymond. Ce type de parcours prouve que les femmes ont leur place dans l’industrie du jeu vidéo. Et, pour les fondatrices de Women in Games France, féminiser les effectifs des entreprises est la manière la plus efficace de régler les problèmes de sexisme qui y subsistent.
Sensibiliser les acteurs aux bienfaits de la mixité
L’action de Women in Games France s’articule autour de différents axes. Tout d’abord, l’association veut accroître la visibilité des femmes travaillant dans les jeux vidéo. Ensuite, elle développe des sessions d’informations dans les écoles afin de convaincre les familles de l’intérêt d’une carrière dans le secteur. Des évènements de networking sont également organisés pour que les femmes s’entraident. Enfin, WIG France sensibilise les entreprises du jeu vidéo sur l’intérêt de la mixité.
Women in Games France est bien vu par les professionnels et des affaires récentes de harcèlement démontrent d’ailleurs l’importance d’une telle initiative. De plus, une présence féminine accrue élargie les sensibilités et émule la créativité. Certaines études montrent que la diversité est un facteur accroissant l’efficacité économique des entreprises. Plus largement, féminiser un secteur longtemps considéré comme exclusivement masculin répond à un enjeu sociétal actuel.