Avec Plymouth, le caoutchouc se recycle à l’infini
L’entreprise Plymouth, située à Lyon, recycle le caoutchouc dans des objets du quotidien. Une solution vertueuse qui permet de réduire les coûts d’incinération ou d’achat de matière première. Portrait.
Recycler le caoutchouc à l’infini pour réduire l’empreinte environnementale et favoriser l’emploi localement : tel est l’objectif poursuivi par l’entreprise Plymouth, implantée à Lyon. Cette société voit le jour il y a presque un siècle, en 1935. Cinq entrepreneurs de la région lyonnaise qui sont tresseurs ou rubaniers, décident de s’approvisionner directement en fils élastiques pour répondre à leurs importants besoins. Ils se tournent alors vers une entreprise nord-américaine du Massachusetts, spécialiste de la transformation du caoutchouc, Plymouth RubberCompany. Les Américains et les entrepreneurs lyonnais s’entendent et créent au sud de la métropole, à Feyzin, une unité qui servira à approvisionner le marché européen en élastique.
Slips, joints et durites
Depuis lors, l’entreprise met au point des procédés innovants pour recycler à l’infini le caoutchouc. Récupérant du matériel usagé et destiné à l’incinération, le groupe Plymouth redonne vie à la matière en l’incorporant à d’autres éléments pour en faire de nouveaux objets. Le caoutchouc peut donc réapparaître à hauteur de 5 à 75 % dans le nouvel objet. Concrètement, le caoutchouc peut être transformé en élastique et ainsi être réintroduit dans des affaires du quotidien comme les masques FFP2, les maillots de bain, les élastiques ou les couches mais aussi en tant que matière plus épaisse comme des joints ou des durites.
Plymouth est présent dans de nombreux secteurs : automobile, transport, agriculture, bâtiment, médical, textile, ferroviaire, cordonnerie… La solution que l’entreprise propose est également très vertueuse : elle récupère le résidu de matière et sans ajout de produit chimique, cette matière recyclée est directement incorporée dans le nouveau mélange. Le caoutchouc récupéré (plein, alvéolaire ou silicone) est broyé et dévulcanisé, c’est-à-dire que les liens de soufre croisés entre les chaînes en caoutchouc sont décomposés. Ensuite, le caoutchouc récupère ses propriétés et caractéristiques d’origine.
De la remontée mécanique au tapis de sol
Pour citer un exemple de recyclage vertueux, l’entreprise cite un de ses clients, professionnel de la montagne. Ce dernier fait appel à ses services pour faire revivre les anneaux de bandage qui soutiennent les câbles des remontées mécaniques. Le caoutchouc récupéré sert ensuite à fabriquer des tapis de sol destinés aux… Stations de ski pour éviter de glisser sur la neige ! C’est ici l’exemple d’un recyclage vertueux puisque 75 % de la matière initiale est récupérée et réincorporée dans le même écosystème. Finalement, la matière est réemployée et il n’y a pas besoin de faire venir de tapis en caoutchouc en provenance d’Asie : l’empreinte environnementale et le coût sont réduits.
Selon Sophie Adam, responsable commercial de l’unité de recyclage, l’objectif de Plymouth est de « recycler en trouvant de nouvelles ressources et circuits pour préserver emplois et environnement ». Un pari pour l’heure réussi par cette PME familiale (100 % d’actionnariat français indépendant) qui s’est imposée comme le leader européen de la transformation de caoutchouc en fines feuilles. Avec 12 millions d’euros de chiffre d’affaires affiché en 2021 et un passage de 52 à 91 collaborateurs ces derniers mois, l’entreprise lyonnaise se félicite d’un bon bilan. A la tête d’un domaine de 100 000 m² dont le quart est occupé par des bâtiments, Plymouth compte bien demeurer pendant longtemps un acteur incontournable du recyclage du caoutchouc.
Photos : plymouth.fr et aer-caoutchouc.com et bfm.tv