FoodTech: l’alimentation de demain présentée au SIAL
Les inquiétudes contemporaines au sujet de l’alimentation ne manquent pas. L’explosion démographique mondiale rend palpable le danger d’une insuffisance des ressources alimentaires pour l’être humain. Les scandales successifs au sujet de la sécurité alimentaire ont généré une méfiance du grand public envers l’industrie agro-alimentaire, de même que la déliquescence générale du goût des aliments eux-mêmes ou les mauvaises habitudes de consommation… C’est à ces graves préoccupations, et à d’autres plus frivoles, qu’une nouvelle génération d’entrepreneurs tente d’apporter des solutions en s’appuyant sur une créativité débordante et sur des innovations technologiques inédites. Rencontre avec la FoodTech, l’alliance entre nouvelles technologies et alimentation.
Haro sur la viande
La consommation de viande et de fromage cristallise sans doute à elle seule une grande partie de la défiance générale au sein des nouvelles tendances alimentaires. L’élevage de bétail destiné à l’alimentation est le premier facteur de dégagement de gaz à effets de serre, il génère de la déforestation, consomme des quantités effarantes d’eau potable, de nourriture, et suscite des traitements animaliers que l’opinion réprouve de plus en plus fortement. Problème: la viande est nourrissante, et elle a un goût excellent.
Le fait de rencontrer lors de la FoodTech de nombreuses start-up travaillant sur des solutions de substitution à la viande traditionnelle (boeuf, porc, poulet…) n’est donc pas une surprise. Citons ainsi Oumph! qui parvient à recréer à l’aide de soja un aliment dont le goût et la texture ressemblent à s’y méprendre à du poulet, Vegan Deli qui propose des fromages constitués de protéines de pois ou encore la société ïhou et ses grillons sucrés, salés ou en barres énergétiques.
Du jus de cornichon pour les crampes
Si l’alimentation de demain ambitionne de nourrir de plus en plus d’humains, elle souhaite également le faire d’une façon plus saine. La “malbouffe” est considéré comme un des fléaux de ces dernières décennies, et les scandales alimentaires se succèdent les uns aux autres. La définition de ce qu’il est souhaitable d’ingérer ou non a dans le même temps sensiblement évolué, et les réponses et attentes en matière de sécurité alimentaire se sont largement diversifiées: véganisme, bio, régimes sans gluten, sans sucre, sans caféine, sans graisse, sans huile de palme, sans sulfites… On ne compte plus les déclinaisons sur le sujet et l’heure est à la personnalisation des précautions, selon son mode de vie et sa culture.
On assiste donc à une ultra-spécialisation sanitaire des aliments: il était possible de trouver dans les allées du SIAL du jus de cornichon destiné aux sportifs car dépourvu de sucre et de caféine et permettant d’éviter les crampes, des algues – riches en vitamines et en sels minéraux mais pauvres en calories – ou encore de la nourriture fermentée, proposée notamment sous forme de confiture de kimchi, d’ail fermenté ou de kéfir végan. Des gaufres au charbon actif, d’un noir de jais et garanties sans gluten, devraient également retenir quelque attention.
Une multitude de pistes d’innovations
Ces deux grandes tendances ne doivent pas faire oublier la grande variété de nouveautés présentées lors de l’événement. Voici ainsi venir les tablettes de légumes, similaires à celles utilisées pour le chocolat, et fabriquées à partir de végétaux non calibrés, afin de participer à la lutte contre le gaspillage. Le commerce équitable est mis à l’honneur avec la marque Merci! qui indique sur son packaging la part du prix du produit versée au producteur.
La créativité des participants ne s’est pas exclusivement concentrée sur les aliments eux-mêmes, mais également sur leur mode de consommation ou de production. Les insectes reviennent à la charge en tant que nourriture pour animaux cette fois-ci, plus riches, sains et faciles à produire que les farines habituellement utilisées. Les applications numériques visant à aider le consommateur à choisir ses produits, à éviter le gaspillage sont également présentes, ainsi que des tasses à café comestibles ou des kits de pâtisserie facile.
La nourriture de demain devra répondre à une infinité de défis, de plus en plus spécialisés selon les caractéristiques de leurs acheteurs. Le plus gros défi pour la FoodTech se situe d’ailleurs peut-être ici: nourrir une population à venir de neuf à dix milliards de personnes en répondant à toutes ces spécificités.