Intelligence artificielle : la Chine bientôt leader mondial ?

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C’est une véritable guerre pour le leadership de l’intelligence artificielle qui s’est ouverte entre les États-Unis et la Chine. Longtemps considérée comme la puissance la plus innovante du secteur, l’Amérique des GAFAM se voit bousculée par une Chine qui ne cache pas ses ambitions démesurées en la matière. Les sommes investies dans la recherche donnent le vertige, tout comme les enjeux de ce qui serait comparable, pour le XXIe siècle, à ce que fut le déploiement de l’électricité au début du XXe.

Changer la donne

Autrefois envisagée comme un fantasme ou un sujet de science-fiction, l’intelligence artificielle a enregistré d’immenses avancées au cours de la dernière décennie. Au point de devenir un secteur hautement stratégique ainsi qu’une préoccupation majeure pour les gouvernements, à l’heure où les progrès en IA impactent des domaines allant de l’agriculture à la sécurité, en passant par la médecine, l’éducation, le marketing et la banque. Bénéficiant, jusqu’à il y a peu, d’une avance considérable grâce à ses entreprises de pointe et à ses chercheurs, les États-Unis se trouvent menacés par les efforts déployés par la Chine depuis 2017.

En l’espace d’à peine deux ans, l’empire du Milieu a effectué un bond prodigieux dans le domaine, comme en témoignent les sommes investies par le gouvernement : d’ici 2020, plus de 23 milliards de dollars seront accordés aux universités et aux entreprises travaillant sur l’IA. Cette aide de l’Etat devrait doubler pour la période 2020-2025. Ces injections massives de capitaux en direction des entreprises et des chercheurs a d’ores et déjà porté ses fruits. Entre 2016 et 2017, 1100 start-up spécialisées ont vu le jour, profitant d’une hausse des investissements de 141 %.

Un succès qui ne doit rien au hasard

Le pays ne part certes pas de zéro, puisqu’il compte en son sein des entreprises telles que Baidu, Alibaba et Tencent, auxquelles se rajoutent de nombreuses start-up et les 168 licornes spécialisées dans l’intelligence artificielle. Au tissu entrepreneurial, aux compétences des chercheurs et à la volonté étatique se rajoute la masse de données transitant par l’Internet chinois. La place accordée aux réseaux sociaux (notamment WeChat et Weibo, qui cumulent à eux deux plus de 800 millions d’utilisateurs) et aux paiements en ligne permettent de traiter une masse de données bien plus élevée qu’aux États-Unis et en Europe réunis.

Des informations fort utiles pour le « Deep learning », cet apprentissage par les machines, dont l’efficacité augmente proportionnellement au volume des données traitées. Les réussites liées à l’IA en Chine ne se mesurent pas uniquement par des chiffres, mais aussi par la mise en place effective de solutions à base d’intelligence artificielle dans différents secteurs de la société. La reconnaissance faciale, les anticipations économiques et commerciales ainsi que le secteur de l’e-santé utilisent déjà l’IA à grande échelle.

Ambition : devenir leader en 2030

Les dirigeants chinois, forts de la conviction que l’IA décidera de la place du pays dans le monde de demain, ont donc lancé avec leur plan un défi envers les États-Unis. Et tous les éléments semblent réunis pour que la Chine remporte son pari d’ici 2030. Si le pays fait tout pour former et attirer des chercheurs en maintenant grande ouverte sa manne financière, les USA souffrent quant à eux de lois restrictives sur les visas accordés aux ingénieurs étrangers, provoquant une véritable pénurie de main d’œuvre. Certains géants de l’informatique basés dans la Silicon Valley ont été contraints de délocaliser certaines unité en Europe, ou même… à Pékin, comme l’a récemment fait Google.

Un autre handicap réside dans une coopération public/privé nettement moins affirmée qu’en Chine, où tout est fait pour encourager les initiatives, non seulement en distribuant largement les subventions, mais aussi en facilitant les démarches fiscales et administratives. Enfin, la balance des budgets alloués pour le secteur de l’IA penche clairement en faveur de la Chine. Alors l’empire du Milieu prévoit d’investir 150 milliards de dollars d’ici 2030, aucune stratégie budgétaire claire ne ressort du plan « American AI Initiative » présenté par Donald Trump en février dernier. De quoi laisser augurer, si aucune réaction n’intervient, d’un rapide succès des ambitions chinoises.